Moly
Cauchemar bestial. Ébrouement. Lève-toi!
Debout. Quelle peau de bête eut-elle pour moi?
Crapaud visqueux, en rut continuel,
Ou chien servile, bavant pour femme cruelle,
Ou chat qui joue avec sa proie aimée,
La torture sans fin, mais ne veut pas la manger.
Loup, teigne, âne, requin, puce, perroquet.
Quels germes, quelles foules grouillantes m'ont habité.
Poil de cochon et drôle d'espèce de peau.
Ni griffes, ni pattes palmées: j'ai des sabots.
Quelles masses ont avalé toute la raison?
Je suis bien dégueulasse: je suis cochon.
Seulement mes yeux cillés me rendent humain.
Mes dents lacèrent. Regarde mon grand groin.
Je mords toute chose: racine, fil, boîte d'étain.
Si pas peureux, je mangerais un humain.
Oh, j'ai déjà reçu la chair de l'homme.
J'aimais les risques. La cochonnerie m'assomme.
Je fouille et fouille, je semble être un morfal.
C'est vrai, mais j'ai besoin d'une plante spéciale.
Menez-moi, dieux, à moly, l'herbe magique.
Car tous vos changements sont magnifiques.
Chaque feuille et pousse contient la chair élue.
La fleur laiteuse et la racine noire, fourchue.
Je veux m'élever de cette geôle lardeuse
Aux titres d'humain et de vie respectueuse.
Je pousse mon grand museau dans l'herbe verte.
Et rêve la fleur que je n'ai pas découverte.
(Hopefully even better now thanks to the kind suggestions by Aurore Van De Winkel)
(Hopefully even better now thanks to the kind suggestions by Aurore Van De Winkel)